01 – 3ème 4
Quand ils entrèrent dans la classe, je vis bien que rien n’allait. Le temps était à la grisaille ; bientôt le brevet blanc. Depuis deux semaines je sentais la dégradation s’installer. Normal ! Quand on a quatorze ans dans un monde inepte, à moins d’être assuré de l’avenir par sa famille bourgeoise installée, faut en avoir du courage pour vivre.
Trop marrant Anton ; positif et je m’enfoutiste à la fois : « Bonjour ! Vous allez bien ? ». « Oui ; très… Bon je compte sur vous sur votre travail au CDI ! ». « Pas de problème… ». Bien sûr, j’ai su que ce fut médiocre. Mais comment leur en vouloir ? Ils veulent bien faire. Quand le temps se noircit, que sur le blog ça délire ; écrire sur la beauté du monde, faut vraiment le vouloir. Et dire en plus qu’à la maison ça tourne de travers !
Sur sa table, Antoine s’affale. Ca m’énerve à fond. C’est le premier depuis le début de l’année qui a déposé les armes. Plus rien de lui. Il a couché on corps sur la table, lourd, épuisé d’ennui, de non envie. Ca m’énerve, moi qui ouvre toute les possibilités d’expression. J’essaye le réveil, la résurgence, le fouettage moral. Bof ! Ça ne marche pas. Ca m’énerve… Il déteint avec son vide vital. Je voudrais tant le fouetter, mais ce n’est pas permis. Quelques paroles encourageantes ; c’est tellement bête de motiver l’impossible….
Oh ! Surprise ! Il y a de beaux projets. Et Antoine dans sa lymphatie chronique a pondu une idée.
« Au revoir ; bon week-end ; à lundi ». Je m’épuise mais je sens que mon envie de donner envie s’installe.
